Coup de coeur·Roman Historique

L’attentat • Yasmina Khadra

Résumé de l’éditeur :

Dans un restaurant de Tel-Aviv, une jeune femme se fait exploser au milieu de dizaines de clients. À l’hôpital, le docteur Amine, chirurgien israélien d’origine arabe, opère à la chaîne les survivants de l’attentat. Dans la nuit qui suit le carnage, on le rappelle d’urgence pour examiner le corps déchiqueté de la kamikaze. Le sol se dérobe alors sous ses pieds : il s’agit de sa propre femme.
Comment admettre l’impossible, comprendre l’inimaginable, découvrir qu’on a partagé, des années durant, la vie et l’intimité d’une personne dont on ignorait l’essentiel ? Pour savoir, il faut entrer dans la haine, le sang et le combat désespéré du peuple palestinien…

Mon avis :

Wah… Ce sont les premiers mots qui me sont venus à la fermeture du livre.

Il est de ces romans et de ces auteurs qu’on ne présente plus mais à côté desquels j’étais passée pendant un certain nombre d’années. C’est un thème de lecture pour lequel je n’accrochais pas du tout de prime abord. Mais heureusement, mon partage constant avec Manon m’a permis de découvrir ce livre, et pour ça je lui dis un grand merci !

L’attentat de Yasmina Khadra est un petit bijou qui m’a plongée dans le conflit israélo-palestinien.

L’auteur algérien écrit sous le nom de sa femme. Son vrai nom est en fait Mohammed Moulessehoul. Il a utilisé ce nom de plume afin d’échapper au comité de censure militaire, institué en 1988.

« Mon épouse m’a soutenu et m’a permis de surmonter toutes les épreuves qui ont jalonné ma vie. En portant ses prénoms comme des lauriers, c’est ma façon de lui rester redevable. Sans elle, j’aurais abandonné. C’est elle qui m’a donné le courage de transgresser les interdits. Lorsque je lui ai parlé de la censure militaire, elle s’est portée volontaire pour signer à ma place mes contrats d’édition et m’a dit cette phrase qui restera biblique pour moi : « Tu m’as donné ton nom pour la vie. Je te donne le mien pour la postérité. »

Ce livre m’a profondément touchée et marquée. Je ne sors pas de cette lecture indemne tant le sujet traité est bouleversant et surtout la plume de l’auteur envoûtante, simple, juste. Le roman se lit d’une traite ! J’ai été captivée dès les premières phrases et il m’a été impossible de lâcher le livre avant la fin.

« Tout baigne, tout nous bénit… Puis, sans crier gare, le ciel nous tombe dessus. Une fois les quatre fers en l’air, nous nous apercevons que la vie, toute la vie – avec ses hauts et ses bas, ses peines et ses joies, ses promesses et ses choux blancs – ne tient qu’à un fil aussi inconsistant et imperceptible que celui d’une toile d’araignée. »

Le roman se lit de manière très fluide et marque l’esprit. Nous sommes dans la peau d’Amine qui cherche à comprendre pourquoi et qu’est-ce qui a pu faire que Sihem, sa femme, se jette dans la gueule du loup. L’histoire est extrêmement détaillée. A travers le roman nous sommes au cœur du conflit entre l’Israël et la Palestine d’un point de vue humain. En effet, deux côtés sont explorés : celui des victimes des attentats et celui des kamikazes. J’ai ressenti la détresse d’Amine, son incompréhension face à la guerre, les martyrs et attentats. L’auteur exprime également les ressentis des kamikazes : leur désarrois, leur combat, leurs croyances. La lecture offre la possibilité de connaître les raisons qui poussent les terroristes à se liver à de tels actes. C’est bouleversant tant la lecture est simple et l’écriture très neutre. Cela a mis mon propre jugement en perspective : que faire face à inacceptable ?

« Comment, bordel ! un être ordinaire, sain de corps et d’esprit, décide-t-il, au détour d’un fantasme ou d’une hallucination, de se croire investi d’une mission divine, de renoncer à ses rêves et à ses ambitions pour s’infliger une mort atroce au beau milieu de ce que la barbarie a de pire ?  »

Plus qu’une quête de vérité concernant la mort de sa femme, Amine se retrouvera en quête de sens concernant sa propre vie : comment a-t-il pu fermer les yeux toutes ces années sur ses compatriotes palestiniens qui se meurent sous les bombes et les attaques ?

« On a beau s’attendre au pire, il nous surprendra toujours. Et si, par malheur, il nous arrive d’atteindre le fond, il dépendra de nous, et de nous seuls, d’y rester ou de remonter à la surface. Entre le chaud et le froid, il n’y a qu’un pas. Il s’agit de savoir où mettre les pieds. C’est très facile de déraper. Une précipitation, et on pique du nez dans le fossé. Mais est-ce la fin du monde? Je ne le pense pas. Pour reprendre le dessus, il suffit juste de se faire une raison. »

Vous l’aurez compris, j’ai rarement été aussi transportée par une histoire et je ne peux que vous recommandez la lecture de ce livre ! J’ai très envie d’en lire d’autres de l’auteur, notamment « Les agneaux du seigneur » qui m’a été conseillé.

Note : 5 / 5 – Coup de cœur !

« On peut tout te prendre; tes biens, tes plus belles années, l’ensemble de tes joies, et l’ensemble de tes mérites, jusqu’à ta dernière chemise il te restera toujours tes rêves pour réinventer le monde que l’on t’a confisqué. »

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